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9 décembre 2019

Sciences Po : la réforme des admissions perturbe les lycées partenaires

A partir de 2021, les candidats pour les places réservées aux jeunes des lycées relevant de l’éducation prioritaire devront être boursiers. Cela pourrait modifier l’équilibre de ces établissements.

Trente pour cent de boursiers par promotion : pour parfaire son arsenal « égalité des chances », tel est le quota fixé par Sciences Po à l’occasion de sa réforme des modalités d’admission en première année, qui sera effective en 2021. Les Conventions éducation prioritaire (CEP), une procédure d’admission spécifique imposée – non sans mal – vingt ans plus tôt par l’ancien directeur Richard Descoings afin d’amener davantage de diversité sociale dans son établissement, seront confortées.

Le nombre de lycées inclus dans ce dispositif (situés, pour une grande part d’entre eux, en banlieue parisienne) va doubler, passant de 106 à plus de 200, et l’accompagnement des élèves volontaires débutera non plus en terminale, mais dès la classe de seconde. Au total, 15 % des places en première année seront réservées aux élèves des CEP qui auront convaincu le jury à l’oral, contre à peine 10 % actuellement.

Mais l’ouverture a son revers : seuls les élèves boursiers bénéficieront désormais du partenariat entre leur lycée et Sciences Po. Les non-boursiers, eux, pourront, dans certains cas, bénéficier des cours de soutien, mais ils passeront les nouvelles épreuves d’admission au même titre que tous les autres candidats. Dans le cadre de la nouvelle procédure, qui entérine la fin des épreuves écrites et donc du traditionnel concours, ils seront ainsi évalués sur quatre dimensions : contrôle continu au lycée, moyenne des épreuves écrites au bac, profil et motivation et, enfin, entretien oral.

Un réajustement

Réserver les CEP aux boursiers : un revirement que l’établissement justifie par le fait qu’au fil des ans, la part d’étudiants issus de familles de catégories socioprofessionnelles supérieures admis par la voie des CEP était de plus en plus grande. Cette part a doublé, passant de 20 % en 2001 à… 40 % en 2016.

Portés par le label Sciences Po, ces lycées de l’éducation prioritaire se seraient forgé une nouvelle image, celle de la réussite, attirant des élèves de milieux aisés des communes voisines. Ou faisant rester ceux qui, sans ce dispositif, auraient pu se diriger vers des établissements privés.

« L’enjeu, c’est bien que les moyens de l’Education nationale et de Sciences Po dédiés à la réussite des élèves reviennent à ceux qui sont le plus en dificulté »

« Je ne dirais pas que l’évitement de ces établissements a été totalement stoppé, mais pour les élèves du secteur, l’image est clairement revalorisée », observe Olivier Delmas, conseiller du recteur de l’académie de Créteil, où 24 ateliers ont permis à 2 300 élèves d’être admissibles et à 700 d’intégrer le prestigieux établissement parisien. Petit à petit, les lycées ont gagné en assurance, jusqu’à passer d’autres partenariats, par exemple avec l’université Paris-Dauphine ou encore avec Tremplin, une association de tutorat créée par des élèves de l’Ecole polytechnique.